Le 27 janvier s’est tenu le premier atelier pour le lancement du Club Innovation & Immobilier à l’initiative de Business Immo et de l’Institut de l’épargne immobilière et foncière (IEIF). Près d’un an après cette première réunion, Olivier Monat dresse le bilan et les perspectives de ces conférences d’un genre nouveau.
Business Immo : Quelle est la philosophie des ateliers ?
Olivier Monat : Un format de participation et de créativité collectives sur l’innovation dans l’immobilier, éclairée par des thématiques comme « les clés du futur », « tradition et rupture », « cowork dans tous ses états-tiers », « donnons des ailes à nos idées », « la Blockchain », du vocabulaire expliqué jusqu’aux cas d’usage possibles dans l’immobilier, et « la mythologie de la relation entre la start-up et l’entreprise accomplie ». De rendez-vous en rendez-vous s’est installé un groupe ouvert, toujours en mouvement et prêt à intercepter les fulgurances de l’innovation, quitte à se faire chahuter par une autre interprétation des turbulences et des impacts de la mutation de la Société. Autre point d’entrée, la priorité est donnée aux acteurs, à ceux qui sont sur le terrain, qui expérimentent ou qui portent l’action. Il y a très peu de place pour les sachants ou les commentateurs. La préférence s’ouvre aux pionniers et aux explorateurs qui innovent, en sachant que les adhérents du Club sont des éclaireurs très avisés parce qu’ils excellent sur leur propre terrain de compétences et qu’ils ont une facilité à repérer les signes et les signaux du changement. Maintenant, reste à anticiper ces dianes avant qu’elles ne deviennent avertissement ou alarme. C’est aussi le rôle des ateliers.
BI : Quels ont été les temps forts de cette première cuvée ?
OM : Le premier atelier a été déterminant pour la suite, et notamment la partie question ouverte sur toutes les définitions possibles de l’innovation. Chaque réponse a été un marqueur pour bâtir les autres ateliers et a permis de tracer une voie. Quand vous posez une question à une personne sur un sujet, sa réponse permet d’entrevoir comment elle explore celui-ci. Le fait-elle par le contour ou par le contenu ? Au cours de ces dix premières minutes inaugurales, il y avait beaucoup d’approches très intéressantes sur l’innovation, mais trop contenues dans la retenue. Le chemin faisant des ateliers Innovation & Immobilier venait de s’ouvrir. Y venir par celui-ci, c’est libérer ses idées, les échanger et ouvrir aussi son esprit à d’autres appréhensions intelligentes du présent et du futur en acceptant diverses perceptions. Les temps forts ont été nombreux et cette question mérite comme réponse d’extraire un florilège des interventions pertinentes, subtiles et même des blagues Carambar qui n’ont pas manqué d’être lancées à l’hilarité des participants. Retenons encore, comme moments précieux, quand chacun contribue avec l’autre, souvent venu d’une autre entreprise, et se met en mode « intelligence collective ».
BI : Quel a été l’accueil des adhérents et des membres fondateurs du Club ?
OM : Le fait de se passer d’experts qui expliquent doctement l’innovation avec des réflexes du siècle dernier a laissé la place aux adhérents et aux membres pour s’exprimer eux-mêmes sur leurs interrogations et leurs solutions. Ce format des ateliers a sans doute au début un peu surpris et a cassé les habitudes. Mais chacun a accepté de participer, de quitter sa zone de confort et d’oublier son avatar social, c’est-à-dire son titre et sa fonction sur sa carte de visite professionnelle.
BI : Qu’est-ce qui les a bousculés et surtout, quelle a été leur manière d’interagir ?
OM : La préparation et le coaching de leur intervention, sans doute. Peu de slides, pas de PowerPoint, pas de redite, pas de gabarit corporate, pas de formules toutes faites. Consacrer du temps avant pour être plus créatif pendant. Se préparer à dépasser son propre rôle d’acteur de l’immobilier et d’être dans la représentation de Schrödinger (en se superposant à la fois dans deux temps, celui du présent et celui du futur) et à interagir avec ses confrères sur des sujets en lames de fond comme la disruption, les technologies, les intermédiations émergentes, les nouveaux usages à effet de persistance, les impacts sociaux, sociétaux dus à l’horizontalité du monde, la prise de conscience citoyenne et de sens personnel, jusqu’à l’esprit critique de la Société actuelle.
BI : Quels ont été leur appétence ou freins à collaborer au sein de ces ateliers ?
OM : Tous ont été interviewés pour connaître leurs motivations et leurs besoins. La globalité des réponses s’est concentrée sur deux objectifs, faire une veille et aussi son marché. Lorsqu’on leur a proposé d’être challengés et d’être plus contributeurs, ils ont tous accepté. Lorsqu’on leur a suggéré de regarder l’innovation, non pas comme une cristallisation de nombreux problèmes, mais comme une ou des opportunités de transformation et de nouveaux business, ils ont tous accepté.
Concernant les freins, ils sont ce que nous avions déjà deviné, à savoir qu’il n’y aurait pas de partage sur leurs expérimentations individuelles, mais par contre ils sont séduits lorsqu’ils co-créent des solutions ou des idées qui peuvent servir à tous. D’autres demandes ont été exprimées, comme les grands principes de la construction d’une feuille de route de l’innovation, pour en faire chacun usage de son côté. Le succès des ateliers passe par l’enthousiasme permanent des participants et la qualité de leur implication.
BI : Quid de la prochaine saison ? Quels sont les thèmes attendus et inattendus à aborder ?
OM : L’idéal serait la suppression des thèmes et que chacun vienne en mettant en avant son esprit pionnier et raconte en quelques minutes son Innovation pour la mettre en partage.
Oser aussi parler d’un échec pour pousser la culture du rebond. Être l’espace des sœurs Tatin et apprendre ensemble à créer des recettes inversées pour innover. Continuer à être un accélérateur d’idées, de concepts et de collaborations avec des start-up. En 2016, les 14 start-up présentées ont toutes eu une consultation, une expérimentation ou un business de la part des adhérents. Continuer à être un lieu d’inspiration en présentant des intervenants hors immobilier qui sont ensuite invités aux événements de chacun. Être la place où il faut venir quand on est un vrai et véritable innovateur. Avoir le réflexe permanent du regard latéral et de l’effet miroir. Exemple, la « learning expedition » ne se conteste pas. Aller voir ailleurs ce qui se passe, c’est crédible. Mais pourquoi ne pas inviter aussi l’ailleurs à venir visiter nos immobiliers ? Autre exemple, la relation entre la start-up et le groupe est souvent parasitée par l’organisation de ce dernier. Pourquoi ne pas tenter l’expérimentation chez la start-up en déléguant une équipe spécifique du groupe et ainsi renverser le problème ? Muhammad Yunus (prix Nobel de la Paix 2006), de passage à Paris la semaine dernière confiait, « à chaque fois que je rencontre un problème je crée un business pour le résoudre », sous-entendu un social business. On peut s’approprier cette phrase en créant un business immo à chaque problème (mince l’expression est déjà prise !). 2017 verra aussi les ateliers Innovation & Immobilier sortir de leurs murs et de sa formule « Inter-Entreprises » pour répondre aux nombreuses demandes d’avoir pour soi une version sur mesure et personnalisée. Enfin, tout cela a été possible grâce à l’ouverture d’esprit des propulseurs des ateliers que sont Business Immo et l’IEIF. Le deal de départ a été clair. Les ateliers Innovation & Immobilier ne doivent ressembler en rien à leur business models. Les membres premiers (fondateurs) participent aussi à l’évolution et au devenir du Club et des ateliers.
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